Le 1er décembre 1919, Nancy Astor devient la première femme à siéger à la Chambre des communes du Parlement britannique, marquant un tournant historique dans la politique du Royaume-Uni.
Nancy Astor, née Nancy Witcher Langhorne en 1879 en Virginie, est une figure politique américano-britannique qui fait son entrée au Parlement en remplaçant son mari à la circonscription de Plymouth Sutton. Connue pour son esprit vif et son charisme, elle captive l’électorat de toutes classes sociales, notamment les femmes les plus pauvres, malgré son statut privilégié. Elle occupe son siège pendant 26 ans, jusqu’en 1945, ouvrant la voie à d’autres femmes en politique.
Nancy Astor est une conservatrice aux positions complexes :
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- Elle milite pour les réformes sociales et l’extension du droit de vote des femmes.
- Fervente prohibitionniste, elle fait passer en 1923 une loi interdisant la vente d’alcool aux moins de 18 ans, connue sous le nom de « Lady Astor’s Bill ».
- Elle soutient l’éducation préscolaire et l’intégration des femmes dans la fonction publique, la police et l’éducation.
- Bien que pionnière au Parlement, elle n’est pas activement impliquée dans le mouvement suffragiste avant son élection.
Les interactions entre Astor et Churchill sont notoirement tendues et parsemées d’échanges verbaux cinglants. Un exemple célèbre de leur joute oratoire devient légendaire :
Nancy Astor : « Winston, si j’étais votre femme, je mettrais du poison dans votre café. »
Winston Churchill : « Nancy, si j’étais votre mari, je le boirais. »
Cette anecdote illustre parfaitement la nature de leur relation, mêlant rivalité politique et piques personnelles. Churchill déclare également à Astor que sa présence au Parlement est aussi embarrassante pour lui que si elle le « surprend dans sa salle de bain sans même une éponge pour se défendre ». Malgré ces tensions, ils évoluent dans les mêmes cercles sociaux, reflétant la complexité des relations politiques de l’époque.
Il faut dire qu’au-delà de son rôle de pionnière, l’image de Nancy Astor est profondément assombrie par certaines de ses prises de position idéologiques. Elle exprime à plusieurs reprises des propos virulents contre les catholiques et les juifs, s’inscrivant dans un climat d’hostilité religieuse et de préjugés de classe caractéristique d’une partie de l’aristocratie britannique de l’entre-deux-guerres.
Dans les années 1930, elle se montre également favorable, au moins dans un premier temps, à la politique d’apaisement envers l’Allemagne nazie, participant à des cercles mondains et politiques où l’on défend l’idée de compromis avec Hitler pour préserver la paix, ce qui lui vaudra par la suite de sévères critiques et contribue aujourd’hui à une relecture beaucoup plus nuancée, voire sévère, de son héritage politique.
Illustration:
– Nancy Astor, vers 1908. – Wikipédia
– Lady Astor, par John Singer Sargent, 1909. – Wikipédia
