C’est un séisme au pôle Nord et une onde de choc planétaire. À la veille du réveillon, le Père Noël a claqué la porte de son bureau et suspendu toutes les livraisons de cadeaux. Oui, vous avez bien lu : le Père Noël entre en grève illimitée.
L’annonce est tombée à l’aube, confirmée par le Syndicat Unifié des Lutins (SUL). Motif officiel : fatigue extrême, sous-estimation chronique du travail magique et, plus grave encore, doutes sur la sagesse collective de l’humanité. Une décision inédite dans l’histoire millénaire de la logistique festive.
Dans les couloirs glacés de l’atelier, l’ambiance est lugubre. Les marteaux miniatures sont posés, les rubans dorés pendent tristement, les tapis roulants sont figés sous la neige. L’odeur des biscuits et du sucre d’orge s’est déjà dissipée. Seuls résonnent, au loin, les murmures des rennes, concernés par leur sort : sans vol, pas de carottes.
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Mais s’il n’y avait que cela pour glacer la Laponie : le Père Noël aurait disparu.
Selon plusieurs lutins syndiqués, il aurait quitté l’atelier en pleine nuit, emportant seulement son manteau et sa cloche préférée. Les caméras de surveillance l’auraient aperçu pour la dernière fois non loin de la banquise de Ylläsjärvi, avant que la tempête de neige ne brouille toute trace de son traîneau.
Pourquoi se fatiguer à livrer un monde qui jette ses jouets dès le 26 décembre ? », aurait lâché le Père Noël, visiblement à bout de souffle.
Pendant ce temps, la plateforme de livraison mondiale du Pôle Nord, SantaExpress, est totalement à l’arrêt. Les colis s’empilent dans les hangars frigorifiques, les lettres s’envolent au vent faute de tri, et les rennes, privés de missions, errent sans consigne autour du hangar principal. Un responsable logistique confie sous couvert d’anonymat : « C’est pire qu’une cyberattaque. Tout est gelé, au sens propre comme au figuré. »
Depuis, c’est la stupeur : aucun renne n’a été sellé, les lignes téléphoniques sont saturés d’appels venus du monde entier. La police des neiges mène l’enquête, tandis qu’une cellule psychologique a été ouverte pour les lutins en détresse. Certains affirment que le vieux barbu se serait réfugié dans une cabane isolée “pour réfléchir au sens de tout ça”. D’autres murmurent qu’il aurait simplement voulu dormir une semaine de suite.
L’événement interroge : la magie de Noël a-t-elle atteint son point de rupture ? Si le Père Noël lui-même baisse les bras, que reste-t-il de la fête ? Certains évoquent déjà l’idée d’une “pause salvatrice” pour repenser la tradition. D’autres dénoncent “un chantage émotionnel nordique”.
Pendant ce temps, à Rovaniemi, les lumières de l’atelier restent éteintes. Le monde retient son souffle. Et une seule question hante les cheminées :
le miracle de Noël aura-t-il encore lieu cette année ?
Illustration: image IA
